Le désert du Thar, le vrai ! Ce qui nous fait dire ça ? Deux choses :
Quand notre train s’y arrête, vers 3h du matin, et après seulement 6h de trajet, on est couverts de sable, de véritables momies allongées sur les banquettes. C’est un détail un peu pénible de la classe Sleeper auquel on n’aurait jamais pensé !
Et puis on a froid ! Et on ne savait presque plus ce que c’était d’avoir froid et de s’enrouler dans son chèche faute de mieux.
Le lendemain, au lieu de partir directement à l’assaut des remparts, on loue une jeep et on fonce à travers les champs de cénotaphes et d’éoliennes. Les cénotaphes ont été lourdement endommagés par le tremblement de terre du Gujarat en 2009, après plusieurs siècles debout.
L’endroit est magnifique, on croise des vaches, des chameaux, des renards et des paons ! (C’est drôle parce qu’un paon qui court comme une vulgaire poule au milieu du désert, c’est pas vraiment aussi classe que le paon qui fait le roue dans le jardin municipal !)
Premier arrêt à l’Amar Sagar, un temple JaÏn en plein milieu de nulle part, un bijou de sculpture. C’est simple, on dirait de la dentelle, de la dentelle sur du granit ! En parcourant les motifs du regard ça apparait presque facile, alors que des artisans y ont sûrement laissé leur santé physique et mentale. Tout est magnifique, rien n’est laissé au hasard et surtout, c’est extrêmement bien conservé.
On roule ensuite jusqu'à Lodruva, un deuxième temple jaÏn. L’arche d’entrée est sublime, tout comme les façades en dentelle. Sauf qu’à l’intérieur, gamelles, linges, matelas, l’envers du décor c’est la vie du « prêtre » JaÏn squatteur de temple.
Il existe un trou sur le bord du temple, le trou du cobra qui protège le temple depuis 1974. Autel, dons, nourriture, statue, trace des genoux des fidèles agenouillés, rien ne manque à la légende. Stephane essaie vainement d’apercevoir le cobra, et fini par y voir un rat dodu qui se faufile ! Pourquoi faire les choses comme tout le monde ? C’est d’un banal…
(le trou du rat-cobra, avec la trace des fidèles agenouillés...)
Le lendemain, nous avons au programme 2 Havelis. Haveli est le mot Hindi pour désigner une belle et riche maison, typique de l’Inde et du Pakistan, souvent construite autour d’une cour intérieure.
La première est Patwah Havelis, 5 bâtisses construites par un marchand pour ses fils. Aujourd’hui elles ont toutes un propriétaire différent, le gouvernement, les descendants du marchand, et une sombre histoire de Sonia Gandhi qui aurait tout racheté à titre personnel avant de le céder au pays ?! Rien compris aux explications du guide, je pense qu’au tarif qu’il demandait il pouvait complètement être en train d’inventer son histoire au fur et à mesure. Ceci dit c’est joli, la déco est kitsh et on croise une bande d’acteurs Bollywood de 2nde zone d’une ringardise folle, qui viennent peut-être repérer les lieux pour un tournage.
La deuxième est Nathmal Haveli, et je suis émerveillée par le « panneau » d’indication à l’entrée ! (et la réparation au scotch) Ah ce souci du détail et de la conservation du patrimoine…
Partout dans Jaisalmer hors-remparts, les havelis continuent à pousser comme des champignons, témoins de la réussite et de la prospérité d’une famille, et c’est agréable de voir que même si c’est aujourd’hui avec des techniques modernes, le savoir-faire et l’amour des belles choses ne se perd pas au profit de constructions moches et bétonnées.
On termine par le Palais de Jaisalmer, entierement conçu pour récuperer la plus petite goutte d’eau et le plus petit souffle de vent, ici où l’on s’estime heureux quand il pleut 15cm ... par an !
Une fois sur le toit on observe le desert à 360°, parsemé d’éoliennes. Et on se dit que c’est quand même dommage qu’en étant entourée de production d’électricité, il y ait encore des coupures jours et nuit à Jaisalmer, comme celle qui nous a réveillés en sueur vers 4h ce matin sans AC et sans ventilateur !
De retour sur la terrasse de notre guesthouse, on mange des crêpes non-stop en attendant l’heure de partir pour Bikaner. Le cuisinier Tibétain et le propriétaire, Rajasthani et beau comme un roi, nous apprennent que l’électricité produite sert en priorité à l’armée Indienne, pour patrouiller la frontière Pakistanaise et l’éclairer d’énormes projecteurs.
Il est 22h, le quartier s’anime. Je vois pour la toute première fois en Inde la traite d’une vache, et j’avais presque oublié que ça se faisait tant le traitement réservé à ces bêtes est différent ici !
Les parents et les vieillards discutent devant leur maison, pendant que les enfants jouent partout et se défoulent après une journée passée enfermés à l’abri de la chaleur écrasante. C’est un peu à regret que l’on quitte cette ville là…
Prochaine étape : Bikaner. Moins connue que les grandes étapes du Rajasthan, on espère que ça vaut le détour quand même.
2ème photo : merci Alice !